Cyberconflictualité ou Cyberguerre? – Qu’en est-il de la probabilité d’un affrontement dans le Cyberespace?

Véritable enjeux de sécurité nationale, la crainte d’un affrontement dans le cyberespace prend corps jour après jour et motive l’intérêt croissant des militaires pour ce milieu. Ne nous y trompons pas, la cyberguerre n’est pas une fantaisie de « technophile », ce n’est pas un affrontement de technologies, mais bien un moyen supplémentaire d’atteindre des buts politiques en utilisant les possibilités offertes par un nouveau milieu.

L’homme demeure au centre de ce processus, la stratégie vise toujours à briser la volonté adverse et la cyberstratégie n’y fera pas exception. Mais développer une cyberstratégie, tenter de théoriser une cyberguerre, ne peut se concevoir sans une analyse rigoureuse du milieu dans lequel cet affrontement aura lieu. Concevoir et mettre en œuvre une telle stratégie repose avant tout sur la prise de conscience et la reconnaissance officielle du fait que le cyberespace est un théâtre d’opération au même titre que l’espace aéroterrestre ou maritime.

Pour le Cyberespace, les enjeux sont tels que les conditions pour parler de guerre ne sont pas encore réunies mais passionnent déjà les débats.

De la compréhesion du concept “Cyberguerre”

De mes recherches, là Cyberguerre devrait faire référence à une forme de conflit armé qui se déroule entièrement dans le cyberespace, où les États ou autres acteurs utilisent des moyens numériques pour mener des attaques destinées à causer des dommages graves, comme la perturbation de services critiques, l’espionnage à grande échelle, ou même des actions destructrices sur des infrastructures vitales. La cyberguerre, en tant que concept, implique souvent une dimension étatique, où les attaques sont orchestrées par des forces militaires ou des services de renseignement dans le cadre d’une stratégie de guerre plus large. Force est de constater qu’à ce jour, il n’y a pas eu de guerre qui puisse se passer entièrement que dans le Cyberespace.

Encore faut-il expliquer que la cyberguerre (guerre numérique) regroupe l’ensemble des actions militaires visant à la maîtrise du cyberespace afin, soit d’y conduire des opérations spécifiques soit de préparer l’exploitation vers un autre espace de conflit (terre, air, mer). Dans ce cas, la guerre numérique agit comme un démultiplicateur de forces au profit des armées. Elle est conduite par des services de l’État et prend des formes diverses qui embrassent les trois couches du cyberespace : physique, logique et cognite

De la compréhesion du concept “Cyberconflictualité”

Cyberconflictualité, en revanche, englobe un spectre plus large de confrontations dans le cyberespace, qui peuvent ne pas atteindre le seuil de la guerre traditionnelle. Ce terme inclut les cyberattaques, les conflits économiques, l’espionnage industriel, et d’autres formes de tensions qui peuvent exister entre différents acteurs, y compris les États, les entreprises, et les groupes non étatiques. La cyberconflictualité dénote la nature constante et souvent asymétrique des confrontations dans le cyberespace, où des actions malveillantes peuvent être menées en dessous du niveau de l’intensité militaire.

Pourquoi je préfère parler de “cyberconflictualité” à la place de “Cyberguerre?

Le terme “cyberconflictualité” est souvent utilisé par les analystes des enjeux dans le Cyberespace parce qu’il capture la complexité et la variété des interactions malveillantes dans le cyberespace, au-delà de la simple guerre. Dans le contexte actuel, la plupart des confrontations numériques ne répondent pas aux critères de la guerre traditionnelle, mais elles peuvent néanmoins avoir des conséquences stratégiques profondes. La cyberconflictualité permet donc une analyse plus nuancée des risques et des menaces, en prenant en compte non seulement les actions des États, mais aussi celles d’autres acteurs, et en intégrant la notion de conflit permanent, caractéristique du cyberespace.

La cyberguerre n’aura peut-être pas lieu, mais il n’y aura plus de guerre sans « cyber ». La conflictualité dans le cyberespace est désormais un fait.