La révolution numérique : une rupture stratégique pour les conflictualités informationnelles

Ce que pensait Charles Darwin au sujet d’une analyse des dynamiques du pouvoir, encapsule une vérité sur la nature du conflit contemporain. La puissance ne se mesure plus uniquement en termes de richesse matérielle ou de force militaire, mais par la capacité à contrôler et à maîtriser l’information. La révolution numérique a radicalement modifié la valeur des actifs stratégiques, plaçant le contrôle de l’écosystème informationnel au-dessus des ressources économiques brutes. L’argent n’est plus qu’un sous-produit de l’information, et la quête de cette dernière est devenue la priorité.

La démocratisation technologique a non seulement rendu la création de contenus frauduleux plus facile, mais elle a également permis à n’importe qui de les diffuser à une échelle massive sans contrôle éditorial. Cet effet égalisateur a donné un pouvoir immense à des acteurs qui ne sont pas forcément les plus compétents, mais qui peuvent atteindre des millions de personnes en un temps record. Le cyberespace est un état de compétition, de contestation et d’affrontement permanent, où il n’y a pas de véritable paix.

L’émergence de ce nouveau champ de bataille, où les frontières entre les mondes physique et virtuel s’estompent, a obligé les États à repenser leur doctrine. La France, par exemple, a intégré la lutte d’influence comme une fonction stratégique à part entière, reconnaissant que les adversaires cherchent désormais à capturer notre attention, à susciter notre engagement ou notre désengagement en exploitant les failles de notre raisonnement et de notre psychologie.

Cette révolution stratégique s’est accompagnée d’un changement d’échelle et de sophistication des attaques. L’intelligence artificielle a industrialisé la production de fausses informations. Les deepfakes et autres hypertrucages peuvent désormais imiter la voix d’un commandant ou d’un dirigeant pour donner de faux ordres ou faire des déclarations destinées à échauffer les esprits. Le défi pour les démocraties est de rester plus scrupuleuses que les régimes autoritaires dans l’utilisation de ces technologies tout en se défendant contre elles.

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