Le cyberespace, nouveau théâtre d’opérations des conflictualités informationnelles

Le cyberespace a émergé comme un domaine de conflictualité au même titre que les espaces terrestre, maritime, aérien et spatial. Il a redéfini les caractéristiques de la guerre en la rendant globale, permanente et coopérative. Contrairement aux conflits conventionnels où des phases de confrontation et de paix s’alternent, le cyberespace est un état de compétition et d’affrontement permanent. Les États-majors ont dû s’adapter en intégrant à leur doctrine des capacités offensives, une approche que la France, par exemple, a publiquement assumée. Pour préserver leur efficacité, ces opérations nécessitent un secret absolu sur les outils et les cibles utilisées, ce qui est un défi permanent dans un environnement interconnecté.

Les cyberattaques ne sont plus confinées au monde virtuel ; elles sont désormais capables de produire des conséquences bien réelles sur le terrain physique. L’exemple de l’attaque russe contre le fournisseur Internet par satellite ViaSat au début de l’invasion de l’Ukraine en 2022 démontre parfaitement cette porosité. En rendant des milliers de modems inopérants, l’attaque a paralysé les communications ukrainiennes avant que d’autres solutions ne prennent le relais. Cette dynamique crée une nouvelle problématique pour les décideurs, qui peuvent avoir du mal à distinguer les environnements informationnels construits de la réalité elle-même. Pour faire face à cette guerre hybride, les armées ne se limitent plus à recruter des experts techniques. Certaines armées européennes, par exemple, cherchent aussi des profils en sciences humaines et sociales comme des géopoliticiens et des experts en marketing pour opérer directement dans le champ informationnel.

La guerre de l’information contemporaine est une guerre hybride où les frontières entre les domaines physique, virtuel et cognitif s’estompent. Une cyberattaque est aussi une opération psychologique, et une opération d’influence utilise le cyberespace comme un vecteur. L’analyse ne peut donc plus traiter le cyberespace et l’espace informationnel comme deux champs de bataille distincts, mais comme des entités inextricablement liées, exigeant une réponse coordonnée qui transcende les silos traditionnels.

L’objectif dans le cyberespace est de viser la supériorité numérique sur l’adversaire, une condition essentielle pour briser toute attaque ou même la dissuader. La préparation est un processus long, ce qui nécessite une connaissance approfondie de l’adversaire, une analyse des rapports de force et l’élaboration de plans d’urgence. Cela rend la défense cyber un enjeu de souveraineté important, car elle est désormais une guerre d’aujourd’hui qui façonne la puissance d’un État.

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