Le renseignement « par » le Cyberespace

Si le cyberespace impose une mutation dans la conception classique du renseignement, car il est un réservoir sans fond d’information, il peut également être approché comme un outil amplificateur des méthodes usuelles de collecte.

Ainsi, comme pour la conflictualité de façon générale, ce milieu est à la fois un champ propre et transverse. Champ propre en ce qu’il porte en lui des besoins spécifiques en renseignement (renseignement «pour » le cyberespace), champ propre également car il modifie le rapport à l’information de masse (renseignement « dans » le cyberespace), mais également transverse car il vient démultiplier les capacités des capteurs existants. La question qui se pose n’est plus en quoi le cyberespace crée un nouveau milieu d’investigation et de collecte, mais plutôt comment ce milieu peut rendre nos capteurs plus efficaces, plus rapides et plus performants?

Dans ce cadre, un premier constat s’impose, quelle que soit la nature de la cible à atteindre, quelle que soit la nature de l’objectif de recherche, elle dispose d’une « vitrine » numérique. Les personnalités militaires de hauts rangs, comme leurs soldats, sont présentes sur les réseaux sociaux, effectuent des achats, commandent des livraisons à domicile, publient des commentaires en ligne en utilisant des pseudonymes où en pensant naïvement que l’intitulé « anonyme a dit : » protège leur identité réelle. Tous, du chef d’entreprise au dernier des étudiants, adoptent des comportements numériques qui sont autant de nouvelles failles et vulnérabilités que doit prendre en compte l’action de recherche.

Le cyberespace augmente donc la surface de vulnérabilité des cibles de l’action de renseignement. Les comportements numériques font intégralement partie de l’analyse d’une cible. Ce constat impose, une fois encore, une certaine acculturation du personnel et une inflexion des méthodes qui prévalaient.

La fonction renseignement est donc clairement modifiée par le cyberespace. Qu’il s’agisse de prendre en compte les nouveaux besoins de ce milieu (renseignement pour le cyberespace), d’adapter les capteurs pour explorer de nouveaux champs de collecte (renseignement dans le cyberespace) ou enfin apporter de nouvelles options pour atteindre des cibles classiques (renseignement par le cyberespace), chaque domaine nécessite une adaptation rapide des acteurs de la fonction renseignement et une meilleure appropriation des outils techniques qui ne sont plus de simple capteurs « passifs » mais bel et bien des producteurs « d’intelligence ».

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