D’après F. Douzet: « le cyberespace est un réseau mondial permettant l’échange de données immatérielles grâce à un ensemble d’infrastructures logicielles et matérielles. » Une nouvelle forme de territoires dans lequel naviguent les internautes mais dans sa dimension physique il est caractérisé par un ensemble de réseau de câbles-sous-marins de serveurs et d’ordinateurs que l’on peut représenter comme l’autoroute de l’Internet.
A première vue le concept du cyberespace s’oppose au cadre physique et géographique habituel car il est indéniablement matérialisé comme un espace sans frontières. La transmission et échanges des flux d’informations mondialisés, instantanés et déterritorialisés apporte une dimension intangible du réseau tout en abolissant la distance dans les échanges.
A l’ère de la mondialisation, du numérique et de nouvelles technologies, le cyberespace joue le trouble fait dans la politique des frontières, des territoires et des souverainetés. Son influence grandissante fragilise l’ordre constitutionnel et juridique des États.
Le cyberespace se compose aussi de flux d’information hautement stratégiques et sécuritaires, de plus en plus de pays prennent conscience de l’importance du monde virtuel et optent pour la maîtrise et la défense de ces flux d’informations particulière que l’on catégorise comme le secret d’État. Le cyberespace est divisé en trois couches : physique, logique et cognitive.
La couche physique, une question de souveraineté
Appelée également couche matérielle, la couche physique fait référence au modèle OSI utilisé dans la théorie des réseaux ! Elle comprend ainsi, les appareils terminaux (ordinateurs, téléphone, tablettes, systèmes électroniques), mais également toutes les infrastructures nécessaires à l’interconnexion (câbles, relais, routeurs, architecture de cœur de réseau). Il faut également inclure sur cette couche les lieux de stockage de l’information, les systèmes de contrôle et de supervision…
Sur cette couche sont donc regroupées les structures techniques qui pourraient être ciblées par les opérations numériques. Ces dernières sont de fait totalement liées à un territoire géographique, et dépendent pour leur fonctionnement de ressources externes en énergie et eau (pour les systèmes de climatisation principalement). Cet enracinement géographique de la couche physique du cyberespace a une conséquence majeure pour les opérations : il est possible d’obtenir un effet sans pour autant utiliser de moyens « numériques ».
La couche logique : le règne du code
La deuxième couche concerne l’infrastructure logique. Elle englobe tous les services assurant la transmission des données entre deux points du réseau, permettant ainsi à l’information, fragmentée en petits paquets de données, de voyager de son expéditeur à son destinataire. L’architecture logique se base sur une harmonisation cruciale, utilisant un langage universel qui permet aux ordinateurs du monde entier de se connecter : le protocole Internet, connu sous le nom de TCP/IP. Parmi ces services figurent le routage (choix de la route empruntée par les paquets de données entre deux réseaux), le nommage (identification des éléments du réseau ou des utilisateurs) et l’adressage (conversion des séries de chiffres représentant les adresses en mots compréhensibles pour les utilisateurs). Là encore, certains aspects peuvent être géolocalisés, bien que cela présente quelques défis techniques, notamment en ce qui concerne les chemins empruntés, les noms de domaines et les adresses IP.
Les cyberattaques sur la couche logique sont plus faciles à percevoir et à concevoir. Elles agissent sur les processus automatiques, via l’injection ou la modification d’instructions ou de données. Un appareil informatique n’est en fait qu’une machine qui effectue une opération en fonction des données reçues (en entrée de processus) et des instructions prescrites dans un logiciel. L’instruction joue un rôle central dans cette couche, où son expression concrète, le code, devient l’outil principal dans le domaine du combat logique.
La couche cognitive : information, désinformation, mystification, perception
Après les deux premières couches, plus techniques, la troisième couche regroupe les contenus, le sens de l’information et les perceptions. Connue également sous le nom de couche sémantique ou informationnelle, elle concerne non seulement les individus mais aussi leurs relations sociales et comportements. La couche cognitive renvoie avant tout aux fonctions sociales du cyberespace. C’est la raison d’être de ce milieu : créer des liens, interconnecter, et offrir des applications aux utilisateurs. Les couches inférieures ne constituent alors qu’un socle nécessaire, mais insuffisant à elles seules.
De plus, cette couche véhicule une dimension liée au sens des informations qui transitent (aspect sémantique). Sens et espace social sont donc les deux aspects de cette couche qui feront l’objet des opérations numériques.