Extrait de mon prochain livre intitulé: « Cyberespace sans frontières, droit en quête de repères: le Cyberespace défit-il le droit? »
Les problèmes liés à la définition du terme et à sa compréhension ont des conséquences directes sur l’assimilation du cyberespace au sein des champs d’études.
Ainsi, pour la géopolitique classique, les interactions entre le territoire et la politique occupent une place centrale. L’État fait, toujours et encore, figure de référence, bien que menacé dans son rôle de régulateur par l’émergence de nouveaux acteurs. Yves Lacoste définit alors la « nouvelle géopolitique » comme « l’étude des interactions entre le politique et le territoire, les rivalités ou les tensions qui trouvent leur origine ou leur développement sur le territoire ».
Pourtant, à bien y regarder, un territoire demeure trop souvent exclu de cette analyse : le cyberespace. Cette quasi absence du cyberespace dans la production géopolitique trouve probablement son origine dans la difficile appréhension de ce milieu qui ne se réduit pas à la description géographique et physique usuelle. Le cyberespace est-il un espace tel que notre intuition peut le percevoir, est-il un territoire, peut-on y construire une géographie ? Sans réponses à ces questions, aucune construction stratégique ne peut émerger.
Pourtant, les évolutions scientifiques et techniques ont contribué à modifier la relation de l’homme à la nature, elles ont également modifié sa perception de la géographie. Le cyberespace, résultat d’une révolution technique, a donc forcément contribué à façonner une autre vision du monde, tout en créant une forme d’espace propre.
Ainsi, comme pour les espaces physiques, nous observons quotidiennement le jeu du droit et de la puissance, les rivalités autour de la définition des périmètres de souveraineté, les actes hostiles mais également des avancées positives qui répondent à une forme d’auto organisation comparable à des politiques d’aménagement du territoire. Dès lors, aucune barrière théorique ne nous interdit de penser une géopolitique du cyberespace.